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Le bullshit de Ratebeer – #4

Vous reprendrez bien une rimballe de notes démesurées et surtout hors de proportion avec les bières dégustées ci-dessous ?

A nouveau, un magnifique exemple de comment la renommée d’une bière peut influencer la note qu’on lui donne. A fortiori quand, en plus, il s’agit d’une trappiste belge. Alors, clairement, je ne vais pas vous dire que la Westmalle Tripel est une mauvaise bière mais je suis convaincu que, jamais, elle ne mérite une note de 100 ou de 99. Pour vous en convaincre, faites tout simplement une dégustation à l’aveugle et vous comprendrez que cette Triple n’est que bonne… Mais en aucunement excellente. A un moment donné, il faut quand même sortir le carton jaune lorsqu’une bière empeste l’alcool fort et ne se boit que par petites gorgées…

J’ai toujours eu du mal à comprendre cette fascination pour la gamme des Bush de chez Dubuisson, qui jouit surtout d’une excellente réputation outre-Atlantique. Si je dois concéder que les créations Premium (Bush de Nuits, de Charmes) présentent des caractéristiques fort agréables, les bières dites basiques sont tout de même loin d’être inoubliables. Et si la version de Noël est sans conteste plus digeste que la version Blonde ou Classique (au corps éthérique fort marqué), elle n’offre finalement que des saveurs que l’on peut qualifier de correctes. Sans plus. Les malts grillés se mélangent aux fruits noirs macérés dans l’alcool et le tout offre une boisson réchauffante, propice à la saison hivernale. Comme tant d’autres bières du même acabit…

Autant je peux être parfois sévère lors de la cotation de certains styles de bières (Belgian Ale, IPA et autres), autant je trouve que je suis assez permissif en ce qui concerne toutes les Sour Ale et les Farmhouse un peu acides. J’ai en effet un petit faible pour ce type de bière aux saveurs variées et à la drinkability importante. Mais, là, difficile d’être dithyrambique à la dégustation de cette bière, pourtant perçue comme un classique aux États-Unis d’Amérique. Les saveurs et goûts sont peu marqués, le corps manque de caractère et l’ensemble est loin de marquer les esprits. On fait clairement mieux en matière de Farmhouse Ale à l’américaine. A titre d’exemple, une création banale de The Bruery a infiniment plus de classe que cette Elle de Jackie O’s qui, pour moi, ne rentre définitivement pas dans la catégorie des 80+. Alors de là à noter le truc a plus de 98/100, je pense qu’on est dans le fanboyisme (ou la stupidité, au choix) le plus profond.

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Une Westvleteren XII de 10 ans…

Proposée dans les grandes surfaces (notamment par la chaîne de magasins Colruyt) début novembre 2011, j’ai réussi à mettre la main sur une Westvleteren XII de l’époque.

La dégustation

Avec une sortie en magasin en novembre 2011 et une date de péremption en mars 2014, autant dire que la bière a eu lieu le temps de mûrir. Et que le tout n’est pas désagréable. Alors, à la dégustation, on sent que le breuvage a perdu de sa puissance et que son âge d’or est passé. Mais le nez offre des arômes sympathiques de sucre candi et l’alcool de fruits trop mûrs. Cassonade en bouche également. Mais surtout des touches de Porto rouge qui sont apparues avec l’âge. Le tout est agréable et se déguste avec un certain plaisir…

Toujours la meilleure bière du monde ?

Clairement pas. Comme expliqué ci-avant, plus de 7 années après la date de péremption indiquée, la bière n’est de toute évidence plus à son apogée. Les effluves et les saveurs ont inévitablement perdu de leur puissance et la madérisation de la bière lui a donné un goût un peu moins complexe.

Après, au-delà de cette considération sur le mûrissement de cette bière de légende, reste la question de savoir si même à son âge d’or, le breuvage peut être considéré comme une des meilleures bières du monde. Si vous suivez ce blog depuis un petit temps, vous savez que la réponse est négative. En effet, si la bière est de (très) bonne composition, je pense que son statut de légende n’est due qu’à sa rareté à l’obtenir et au mysticisme qui entoure son acquisition…

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CTN – L’Orval – # 2

Le problème avec une bière comme l’Orval qui est connue dans le monde entier et qui jouit d’une réputation plus qu’enviable, c’est qu’il est difficile d’avoir un avis objectif. La seule solution ? La dégustation à l’aveugle.

Premier test – avec un amateur

Pour la première dégustation à l’aveugle, j’ai proposé une série de trois bières incluant un Orval et deux bières de la brasserie suédoise Beerbliotek. La Pale Ale de style américain nommée Moment of Clarity et une Double IPA Satsumas for Boomers. La première est une APA de très bonne composition avec des houblons américains aromatiques mais tout de même assez légers. Un goût relativement faible mais plutôt bien équilibré. La seconde n’est par contre pas équilibrée. C’est une I2PA aux arômes forts marqués mais à l’alcool trop présent. Pour ce qui est du « cobaye », il s’agit d’un individu lambda qui a évidemment déjà eu l’occasion de goûter de l’Orval et d’autres styles de bières (souvent de type belge mais parfois étrangers et plus avant-gardistes) mais qui n’est pas nécessairement en mesure d’identifier chaque style de bière.

Lors de la dégustation, et alors que l’individu est fondamentalement habitué à des bières de type belge, il désigne à l’aveugle l’Orval comme la plus mauvaise des bières proposées, allant jusqu’à lui donner une note de 5/10. Il retient les arômes puissants de l’I2PA suédoise (qu’il classe en premier avec une note de 8/10) et reconnaît que la Moment of Clarity est assez drinkable. Surprise bien évidemment totale lorsqu’il découvre que la bière qu’il a classé en dernière position est cette trappiste qu’il considèrait jusque là comme une des meilleurs bières au monde.

Second test – avec un connaisseur

Dans ce second test avec quelqu’un qui a l’habitude de boire de la bière, et bien souvent des créations artisanales issues de brasseries souvent innovantes, je présente un panel constitué de ce fameux Orval, d’une Belgian Pale Ale basique en la personne d’une Tongerlo Lux et d’une Pale Ale américaine très correcte, soit la Foggy de la brasserie française Hoppy Road. Le trio est beaucoup plus homogène sur le papier, on a deux Belgian Pale Ale (l’Orval et une bière qui a été considéré par le World Beer Award comme la meilleure de sa catégorie il y a quelques années) et une American Pale Ale dans la norme.

Après cette dégustation à l’aveugle, le constat est assez clair : aucune des bières dégustées n’a le niveau pour venir s’imposer dans la catégorie des 90+. Hormis la Tongerlo Lux qui est rapidement identifiée comme une Belgian Pale Ale assez moyenne, les deux bières restantes sont évaluées toutes deux à une note globale de B. La Foggy est louée pour ses arômes aromatiques de houblons fruités. Une bonne bière facile à boire et aux saveurs cohérentes mais sans plus. Bien qu’elle soit décrite comme une bière bonne, le dégustateur n’est pas aussi emballé que moi qui y voit là une APA de qualité supérieure. Mais il la classe première sur les trois bières dégustées. L’Orval arrive seconde. Le dégustateur explique qu’il en a déjà goûté, qu’il reconnaît le goût mais qu’il ne peut donner précisément un nom. Il lui donne tout de même une note correcte mais aucunement stratosphèrique. Après révélation des bières dégustées, il explique, de manière tout a fait transparente, qu’il aurait certainement donné une note plus élevée s’il avait su que c’était de l’Orval.

Cette expérience, même effectuée à l’échelle microscopique, aura permis de mettre en évidence deux choses : d’une part, à l’aveugle, l’Orval n’est jamais considérée comme une bière exceptionnelle mais comme quelque chose de bon ; d’autre part, la réputation de la bière et l’aura un peu mystique qui l’entoure joue un rôle important dans l’overrating permanent dont jouit cette bière trappiste.

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CTN : L’Orval – # 1

Dans la série Calme Ta Note, on va ici s’attarder sur une bière trappiste dont la réputation a depuis longtemps dépassé les frontières du Royaume de la Belgique.

Les notes

99 en global et 100 en style sur le site Ratebeer, avec une nomination dans le Top 50 des meilleures Belgian Pale Ale de tous les temps. Une note de 94 sur Beeradvocate.

La réalité

Que l’on considère l’Orval comme une bonne bière n’a évidemment rien de choquant puisque ce constat est vrai. Que l’on considère ce breuvage comme le Graal absolu est par contre une hérésie à mes yeux puisqu’il n’a rien d’outstanding à proprement parler. Si le corps est amer et la finale sèche à souhait, le breuvage n’a rien de transcendant par rapport à d’autres bières de moindre notoriété. En toute honnêteté, il n’y a réellement rien dans cette bière que l’on ne puisse trouver (en mieux) ailleurs.

Si le côté un peu aigrelet amené par les levures Brettanomyces et qui amène de la complexité au breuvage pouvait peut-être surprendre il y a quelques décennies, ce n’est plus le cas à l’heure actuelle où bon nombre de bières exceptionnelles et inédites voient le jour plus que régulièrement. Le côté Brett n’a sincèrement rien d’inédit et de nombreuses bières dites de style farmhouse font bien souvent une utilisation plus adéquate de ces levures sauvages. Pour ce qui est de la maturation de l’Orval en cave (argument avancé par ses aficionados pour mettre en avant le caractère inédit de chaque dégustation), l’argument ne tient pas/plus la route. Il ne s’agit assurément pas de la seule bière dont les saveurs peuvent varier au cours du temps. Actuellement, toutes les bières destinées à la refermentation en bouteille et qui ont été brassées par quelqu’un de minimum compétent offrent une expérience différente en fonction de la durée de la maturation en cave. Pour le surplus, les arguments précités rencontrés, force est d’admettre que la bière n’a rien de réellement inédit. Âpre en bouche, touches très très légèrement acides, amertume bien amenée, mais rien de vraiment fantastique. Le genre de bière que nos grands-parents trouvent sans doute hors du commun tout en qualifiant les nouvelles IPA ou récents Imperial Stout forts en saveurs d’étranges ou de ‘weird’.

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Le top de 2012

Un petit retour dans le temps avec cette série des tops du passé avec cette fois la cuvée relative à l’année 2012. Le classement est le suivant :

• Cuvee Delphine – Brouwerij De Struise
• Red Rye Pale Ale – Founders Brewing Company
• Aardmonnik Earthmonk – Brouwerij De Struise

Un top 3 fort belge pour cette année 2012 qui fait la part belle aux grands classiques. On retrouve ici la fameuse Cuvée Delphine de la brasserie flamande De Struise qui s’avère être un blend entre les deux fleurons torréfiés des brasseurs : la Black Albert et la Black Damnation. Un équilibre incroyable pour cette bière pleine de goûts et de saveurs. On reste dans l’équilibre avec la Red Rye de Founders, relativement classique mais ô combien bien maîtrisée, entre amertume légère et gouleyance incroyable. Rien d’exceptionnel au niveau de la bouche mais le tout est extrêmement cohérent. Et, enfin, une autre bouteille de De Struise, la Aardmonnik. Une Oud Bruin à la saveur affirmée et dotée d’un corps tannique, vineux mais aussi légèrement fruité. Un véritable carton pour la microbrasserie flamande.

• Gueuze – Brasserie Cantillon
• The Fundamental Blackhorn – Hornbeer
• Overrall IIPA – To Ol Brewery
• Titan IPA – Great Divide Brewing Company
• Oak-aged Cranberry Bastard – Hornbeer
• Elixir – Birrificio Le Baladin
• Monk’s Elixir – Mikkeller

A nouveau, beaucoup de gros classiques pour cette année. On retrouve l’indémodable Gueuze de Cantillon, la très bonne IPA à la fois amère et pleine de céréales de Great Divide, l’incroyable Elixir des brasseurs italiens du Baladin (qui a été une des premières microbrasseries italiennes à vraiment se lancer dans le marché de la craftbeer), l’Overrall IIPA aux saveurs puissantes ainsi que le Monk’s Elixir (aux accents belges) de Mikkeller. Deux créations de Hornbeer viennent compléter ce top 10. Le Cranberry Bastard qui offre un équilibre appréciable entre le fruité acide de la canneberge et le corps vineux typique de la Sour. Et, enfin, le Blackhorn, un Imperial Stout puissant aux saveurs chocolatées qui a été longtemps tenu pour une des meilleurs de sa catégorie par votre serviteur.

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Le bullshit de Ratebeer – #3

Dans ce troisième article concernant le géant numérique brassicole, on va examiner brièvement des notes démesurément basses, et ce sans raison objective, et surtout sans justification.

La brasserie polonaise propose depuis peu une gamme de bières Sour aux diverses saveurs, souvent fruitées, parfois originales. Après en avoir dégusté une bonne ribambelle, je dois admettre que très peu sont décevantes. Le fruité est authentique, l’acidité bien amenée et l’équilibre est souvent au rendez-vous. Alors si cette Juicify n’est certainement pas la meilleure Sour IPA de tous les temps (ce que je concède), je ne vois pas à quelle moment on pourrait la considérer comme mauvaise. A peine plus que la moyenne pour la note globale, 40/100 pour la note de style. Ces notes sont tout simplement incompréhensibles.

Avec que des notes inférieures à 50/100, je peux affirmer sans être contredit que le site Ratebeer (et, partant, ses utilisateurs) considère cette bière comme mauvaise, si pas plus. Rien n’est plus faux que cela. Qu’on puisse dire que ce breuvage ne représente pas l’excellence (et que, partant, on lui trouve des défauts), je peux l’entendre sans difficulté. Dire qu’il est mauvais, c’est tout simplement une insulte aux brasseurs de cette LABA. Vous connaissez la critique sur le blog et, sincèrement, rien ne justifie ce bashing inutile. Au niveau saveurs, pour une ISA, on est quand même dans le haut du panier.

L’incompréhension totale. Un 6/100 en note de style. Je ne comprends pas ce foutage de gueule (à la limite les Floris et autres sodapops artificiels sont mieux notés). Surtout que, foncièrement, la brasserie allemande Sudden Death propose une gamme d’excellentes Hazy IPA, dont fait partie ce breuvage. Le comble de cette note, c’est que certaines de ses sœurs ont quasiment le même goût et qu’elles ont été notées également sur Ratebeer et avec des notes beaucoup plus élevées. Comme quoi, ça ne tient absolument pas la route les notes sur Ratebeer.

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Le bullshit de Ratebeer – #2

Dans cet article, on va un peu examiner les notes démesurément élevées de Ratebeer, et notamment en ce qui concernent les bières trappistes ou dites d’abbaye.

L’exemple est bien choisi puisque la bière a été notée et commentée sur le blog il y a peu de temps. Alors, je pense que tout le monde conviendra du fait qu’il ne s’agit pas d’un mauvais breuvage. Mais de là à dire qu’il s’agit de l’excellence en matière de Tripel, il y a là un pas difficile à franchir, et ce même pour les utilisateurs de Ratebeer puisque, pour eux, la note ne peut dépasser le 3,86/5.

Alors, oui, quand on commence la bière, on peut être subjugué par une Triple belge basique comme la Saint-Feuillien, surtout si on a bu jusque là des lagers industriels et des bières sans goût. Mais, à partir du moment où on a découvert plus de cinq bières du même style brassicole, on ne peut plus tenir pareil discours. Sans froisser qui que ce soit, il faut tout de même admettre que la bière est correcte, mais rien de plus. Manque de goût et surtout manque d’équilibre (présence alcoolique fort présente) global. Dans les souvenirs, la bière ne passe pas le B-/C+. Rien de mauvais mais rien de fantastique.

Et pour finir, le comble du comble. Autant, je peux comprendre que les américains (présents en masse sur ce site) considèrent les 6 trappistes belges comme le Graal et vouent presque une vénération sans limite à ces dernières, autant, à un moment, il faut être objectif et reconnaître le fait que la bière soit estampillée trappiste n’amène aucune plus value, du moins gustative. Et c’est vraiment le cas ici. Dans mes souvenirs, la bière est extrêmement light pour une Strong Ale, presque sans goût et arômes marquants et ne représente nullement l’excellence ou la qualité en matière de Pale Strong Ale. Un exemple frappant du fait que la renommée d’une brasserie joue énormément dans la note donnée par Ratebeer.

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Le bullshit de Ratebeer – #1

Comme vous le savez certainement, le fameux Ratebeer.com est actuellement le site numéro 1 en ce qui concerne les notations de bière. Quasiment le premier à voir le jour dans le paysage numérique brassicole, il a bénéficié rapidement d’une renommée importante et s’est imposé comme l’influenceur le plus important dans le monde de la bière…

Est-il la légitimité absolue ?

La réponse est bien évidemment non. D’ailleurs, aucun site Internet ne peut se revendiquer d’être de l’objectivité la plus totale. Il y a toujours une part subjective lors de la dégustation de boissons. Néanmoins, malgré ce caractère purement subjectif, il n’en reste pas moins que certaines évidences s’imposent à tous. On ne peut, par exemple, pas dire qu’une Gueuze Cantillon est mauvaise sans devoir s’en justifier de manière motivée. Que l’on apprécie, ou pas, certains aspects du breuvage (parce qu’on aime pas le vineux ou l’acidité notamment), il n’en reste pas moins que cette bière est bonne. Alors est-ce que cela mérite un 80+ ou un 95+, la question mérite là le débat et il est évident que chacun aura sa propre sensibilité au moment de la notation d’une telle boisson.

Est-il pour autant sérieux ?

Le problème de Ratebeer, c’est qu’à certains moments, il représente un peu tout ce que je déteste concernant les notations dans le monde brassicole.

Primo, le principal problème est bien évidemment lié à l’algorithme totalement explosé utilisé par Ratebeer pour donner une note sur 100 à partir de notes sur 20 données par les utilisateurs. Honnêtement, je ne sais pas comment le système fonctionne mais parfois on est surpris par des notes de plus de 99/100 alors que sur /5, la bière obtient difficilement une note de 3,5/5 par les utilisateurs. Par ailleurs, je n’ai pas l’impression que certaines notes, données limite à la création du site, aient changé depuis alors que le nombre de reviews par des utilisateurs a inéluctablement augmenté.

Secundo, et les exemples sont assez frappants, la plupart des bonnes notes sont bien trop souvent basées sur la renommée de la brasserie ou de la bière en elle-même. Très rarement pour le goût. On part du principe que la bière est bonne jusque parce que tout le monde le dit, ou presque. Et le cas est flagrant pour certaines trappistes ou bières d’abbaye d’inspiration belge où la note sacro-sainte de 100/100 est donnée sans trop de difficulté alors que ces boissons ont bien souvent été reprises depuis par des gros groupes brassicoles et que leur qualité a baissé depuis de manière drastique.

Les cas d’espèces ne manquent pas et le but de cette série d’articles a pour intention première de mettre le doigt sur ce qui ne va pas…

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L’avenir des Belgian Pale Ale – #2

Faut-il impérativement faire subir de nouvelles fermentations en bouteille ou en fûts à toute une série de Belgian Pale Ale ? La question était posée dans le précédent article.

La refermentation, la panacée ?

Si vous avez suivi de manière attentive les derniers articles du blog, vous savez que la réponse est bien évidemment non. Il existe toute une série de bières de style Pale Ale belge qui n’ont pas besoin de subir de nouvelles formes de fermentation pour se hisser vers les premières marches de l’excellence. L’image annexée ci-dessus de quelques produits de la brasserie Rulles en est un parfait exemple. Il existe de très bonnes Belgian Pale Ale qui n’ont pas besoin de ce type de procédé pour être de qualité. Des bières brassées avec savoir et respect des composants. Rien de bien neuf finalement…

Ça marche à chaque fois ?

A contrario, il existe toute une série de brasseurs qui ont décidé de faire mûrir leur produit phare dans des fûts afin de lui faire subir une nouvelle fermentation dans l’espoir de proposer un nouveau produit, généralement de luxe ou haut de gamme. Ce résultat est alors proposé sous une appellation nouvelle tout en mettant l’accent (parfois fortement) sur la refermentation.

La brasserie Dubuisson a été une des premières de Belgique à employer cette technique avec ses standards forts. Et le moins qu’on puisse, c’est qu’à part l’exception notable de la Bush de Nuits (et, bien, après de la Bush de Charmes), le résultat était loin d’être franchement réussi. Avant-gardiste certes mais peut-être pas révolutionnaire… En fait, on avait l’impression de boire une version un peu plus corsée du produit de base. Et c’est bien ça le problème, c’est que cela n’apportait aucune plus value.

Actuellement, des brasseurs qui procèdent à l’instar de Dubuisson sont beaucoup plus nombreux que jadis. Et on assiste à un florilège de bières (soit-disant nouvelles) qui ne sont que des versions légèrement améliorées (mais pas toujours bonifiées) du produit de base. A part pour obtenir des bonnes notes sur Ratebeer (qui semble plus noter une bière à l’étiquette qu’au goût), cela ne présente aucun intérêt. Les dégustations à l’aveugle récentes de la gamme Goliath sur ce blog confirment bien la nature du problème.

La solution ?

Dire que la refermentation (en bouteille ou en fûts) est une solution pour améliorer une Belgian Pale Ale est une erreur. Le constat est simple depuis le début : il est possible de goûter une Belgian Pale Ale « classique » de très bonne qualité et une Belgian Pale Ale refermentée en fûts à peine buvable. En effet, si la refermentation peut être une technique pour proposer une Pale Ale de qualité, il faut (à mon estime) qu’elle respecte toutefois trois règles :

1) il faut que ce procédé amène une réelle plus value au produit. Ce n’est évidemment pas juste un vague goût tannique ultra discret (qui apparaît une bouteille sur dix) mais bien quelque chose de notable qui permet à la bière de ne pas être juste une version un peu retouchée du standard utilisé comme base.

2) mais il faut conserver tout de même le goût initial de ce dernier. On ne demande évidemment pas de faire une toute nouvelle bière totalement différente mais bien une autre version.

3) et il faut surtout que la bière garde sa drinkability. Et c’est à notre sens la difficulté majeure. Quand on parle de Belgian Pale Ale, les termes qui reviennent le plus souvent, outre la générosité, c’est cette faculté à être dégustée à n’importe quel moment de la journée, à n’importe quelle occasion. Et il faut garder cela à tout prix. Proposer du goût certes mais conserver cette facilité à être dégustée, ce qui implique un ABV léger et souvent inférieur à 7.

A mon humble avis, ce n’est que de cette manière que l’on peut proposer des Belgian Pale Ale refermentées qui présentent un intérêt pour le zythologue ou encore le simple épicurien. En bref, c’est en respectant les trois principes précités que l’on peut réellement proposer quelque chose de bon.

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L’avenir des Belgian Pale Ale – #1

Les Belgian Pale Ale refermentées en fûts (de chêne). Un second souffle sur ce genre en décrépitude ?

Les données du problème

Si le titre se veut volontairement provocateur, il pointe un constat de plus en plus éloquent ces derniers temps : les styles classiques belges sont de moins en moins plébiscités par les beer geeks qui ont tendance à n’y voir que des archétypes qui ne se sont pas renouvelés depuis un certain temps. Et ils n’ont pas pas totalement tort.

Loin de moi l’idée de dire du mal de ce style de bière (qu’au demeurant, j’apprécie beaucoup) mais bien souvent – et à part quelques grosses tueries souvent isolées ou établies depuis des décennies – le genre est peuplé de bières quelconques. Si certaines sont bien souvent gouleyantes, rares sont celles qui sont à la fois gouleyantes et fournies en saveurs agréables. Lors de la dégustation de bières de type belge, on a l’impression qu’il faut basculer vers des Belgian Strong Pale Ale ou des Belgian Tripel (et non rester sur des Belgian Pale Ale classiques) pour y trouver du goût et des saveurs. Mais en perdant souvent une certaine forme d’équilibre.

La refermentation comme solution ?

Avec la dégustation à l’aveugle de la Barrel Aged Unionist de la brasserie californienne de Eagle Rock, une évidence est apparue : il est possible de faire de la vraie Belgian Pale légère et de lui donner une touche résolument neuve. Je vous renvoie ici à la note de dégustation que j’ai faite en son temps de cette bière et où j’explique qu’elle est indubitablement du genre des Belgian Pale Ale et qu’elle offre à la fois des saveurs intéressantes (et originales) et une facilité à boire en corrélation avec son ABV.

Alors, que fait-on ?

Mais les choses ne sont pas aussi simples : le fait de mettre en bouteille, ou encore en fûts de chêne, une Belgian Pale Ale ne lui donne pas directement des lettres de noblesse. Si cela fonctionnait de la sorte, il ne serait guère difficile, même pour le plus mauvais des brasseurs, de produire de bons produits juste en utilisant cette technique. Mais certains essayent tout de même… Ces derniers temps, on a d’ailleurs pu assister à l’émergence de nouvelles gammes de Belgian Ale ayant subi de nouvelles fermentations en fûts de chêne ou en bouteille. Mais le résultat est souvent loin d’être parfait… pour ne pas dire pire…